Bhimanapally, petit village indien

An English translation of this blog has posted on the 15th of November.

Nous sommes depuis maintenant deux semaines à Bhimanapally, ou plus exactement juste à côté de Bhimanapally, dans le bourg de Kammagudem, un tout petit village de 300 familles catholiques, dans l’état d’Andhra Pradesh. Pour venir d’Udaipur dans le Rajasthan, nous avons d’abord fait 5 heures de bus et expérimenté le « confort » des routes indiennes (ce que notre guide décrit a juste titre comme un « bone rattling experience »), puis nous nous sommes embarqués pour 24 heures de voyage en train… Ces 24 heures sont finalement vite passées et nous donnent le temps de lire et de jouer. Xavier s’entraine notamment aux échecs chinois, qui n’ont rien à voir avec nos échecs à nous. Nous admirons le paysage, et buvons du thé indien, épicé et sucré, que nous achetons aux vendeurs ambulants qui sillonnent le train en criant « chaï! ». Nous commandons les plateaux repas qui sont servis dans le train. Le déjeuner n’est pas mauvais, mais au dîner, nous avons le droit au même repas que le déjeuner, mais en moins frais… Aux arrêts, je me rends compte que les vaches sont aussi sur les rails et que certaines se reposent même sous les wagons de train !

En arrivant à Hyderabad, nous sommes accueillis par la famille du Père Ignatius, par qui nous avons découvert ce petit village et été invités à y venir. Le Père Ignatius est originaire de ce village et prêtre aux Etats-Unis. L’un de ses projets pour ce petit village est de construire une école d’informatique, pour que les jeunes du village puissent se familiariser avec l’informatique et trouver plus facilement un métier et pouvoir ainsi gagner leur vie, car la vie au village n’est pas facile et beaucoup de familles sont très pauvres. A l’origine, nous devions aider et enseigner dans cette école d’informatique, mais la construction du bâtiment a pris du retard, par manque d’argent, car les fonds viennent essentiellement des dons récoltés aux Etats-Unis.

Nous pensions passer quelques jours à Hyderabad avant d’aller au village de Bhimanapally, mais les plans ont changé et nous nous rendons directement à Bhimanapally. Pas le temps donc de poster nos blogs et de prévenir nos familles, ni de tirer de l’argent ou de faire de vraies courses. Nous ne savons pas trop à quoi nous attendre et même si nos hôtes parlent anglais, la communication n’est malgré tout pas si simple, l’accent indien n’étant pas toujours facile à comprendre pour nous et notre accent anglais n’étant pas non plus simple à comprendre pour nos hôtes… Après une bonne heure et demi de voiture, nous débarquons dans un premier petit village où l’on nous attend pour déjeuner. C’est la 2ème fois que nous sommes invités dans une famille indienne pour un repas et, chaque fois, nous sommes étonnés par la façon indienne de recevoir, si différente de la nôtre: nos hôtes nous servent et sont attentifs à nos moindre besoins, et ce n’est que lorsque nous avons terminé de déjeuner qu’ils se servent et mangent à leur tour. Nous ne sommes pas encore très habitués à manger avec nos doigts, en utilisant seulement la main droite, et nous utilisons encore la cuillère que l’on nous présente…

Nous reprenons ensuite la voiture et après ¾ d’heure de piste, où nous croisons des villages chaque fois un peu plus petits en nous demandant si nous sommes arrivés, nous apercevons une église. Nous sommes enfin arrivés à Bhimanapally, après 2 jours et demi de voyage… Nous rencontrons le Père Fathima, prêtre du village, qui nous accueille et nous souhaite la bienvenue. Nous sommes logés dans l’ancien presbytère, tout à côté de l’église: une grande pièce où nous cuisinons et prenons nos repas, une pièce où nous installons les 6 lits indiens que l’on nous prête (un cadre en métal et des sangles tissées qui forment le sommier … et le matelas aussi d’ailleurs…) et une petite « salle de bain » avec une arrivée d’eau froide et un seau que l’on remplit et qui permet, à l’aide d’un petit récipient, de se « doucher » ou de « tirer la chasse d’eau ». Shobarhani et Pratap, une famille parente du Père Ignatius, nous accueillent chaleureusement et nous prêtent tout ce qu’il faut pour faire la cuisine: des casseroles, une petite cuisinière à gaz et des assiettes et couverts. Nous avons même un frigidaire, mais l’électricité est coupée une bonne partie de la journée. Je dois apprendre à cuisiner à l’indienne, car il y a peu de ressources ici, et Shobarhani me montre comment cuisiner et préparer le riz, le curry et les chapatis. La base de chaque repas est, en effet, le riz, accompagné d’un curry dans lequel sont cuisinés quelques légumes et très occasionnellement (voire quasiment jamais pour certains) de la viande. Le soir, en plus du riz et du curry, les femmes préparent des chapatis (pain indien sans levain). La région où nous sommes est très aride et peu de fruits ou légumes poussent… Les courgettes sont à peine plus grosses que des gros cornichons et les aubergines ont la taille de nos tomates…

Pour vivre, les gens du village sèment du coton, plante qui demande peu d’eau, car il suffit de 4 bonnes pluies pour que la récolte soit bonne. Les champs sont petits et la récolte (une seule récolte par an) est entièrement dépendante de la pluie. Lorsque nous arrivons, les habitants attendent avec anxiété la 3ème pluie qui n’arrive pas. Sans cette pluie, le coton, seule vraie source de revenus pour beaucoup ici, sera perdu. En fait, maintenant que nous nous acheminons vers l’hiver, saison sèche ici, les chances qu’une pluie survienne sont très réduites et, déjà, certains champs sont en train de se dessécher. Certains habitants savent qu’ils n’auront pas de revenus jusqu’à la prochaine récolte ou qu’ils ne pourront pas rembourser leurs emprunts pour ceux qui ont dû emprunter. Quelques familles ont des puits, ce qui leur permet de ne pas dépendre de la pluie et, petit à petit, le Père Julian, un autre prêtre originaire du village et installé aux Etats-Unis lui aussi, récolte des dons pour faire construire d’autres puits et permettre à d’autres familles de ne plus dépendre ainsi uniquement de la pluie. Nous avons la chance d’assister au forage de nouveaux puits avec le Père Julian, en vacances à Bhimanapally pour quelques jours. Une cérémonie est organisée et nous essayons de nous asseoir discrètement derrière tout le monde, mais bien sûr, on nous fait signe de nous asseoir au premier rang qui a été réservé pour nous… La gentillesse, l’attention et la générosité de tous ici à notre égard est très impressionnante… Le camion de forage est béni et nous partons assister à la percée du puits. Nous sommes invités avec le Père Fathima et le Père Julian dans la maison de la famille qui va recevoir ce premier puits. Il n’y a pas de garantie que le puits soit un succès et donne de l’eau, et même si un maximum de précautions sont prises (un géologue vient étudier le terrain et repérer là où il doit y avoir de l’eau dans les sous-sols), certains forages doivent être abandonnés en cours (roches trop dures) ou ne trouvent pas assez d’eau. Trois des puits creusés ce jour-là sont des succès, mais le 4ème ne donne pas d’eau, malheureusement.

Dans ce village, tous les habitants sont catholiques et de la même caste (il y a environ 5000 castes différentes en Inde). Arrivés en 1919 de la région de Madras, à la recherche de terres cultivables, ils sont venus s’installer dans cette région avec les Pères italiens qui étaient avec eux. Cette migration a été facilitée par les autorités centrales qui voulaient encourager les cultures commerciales de type tabac, piment et coton, cultures que les indigènes ne pratiquaient pas. N’ayant pas le droit de s’installer dans le village hindou, ils se sont installés juste à côté, formant ainsi le bourg de Kammaguden. Aujourd’hui, ce bourg comprend environ 300 familles, soit 2154 habitants. Un tel village, dont toute la population est catholique, est assez exceptionnel en Inde, car les chrétiens ne représentent que 2,3% de la population et normalement, des familles chrétiennes sont installées au milieu de familles hindoues. En général, la cohabitation se passe bien, mais, depuis une dizaine d’années notamment, des chrétiens sont persécutés et tués par des hindous fanatiques, particulièrement dans la région d’Orissa.

A Bhimanapally, les gens sont profondément religieux, d’une façon qu’il nous a rarement été donnée de voir. En fait, on sent que chaque moment de la journée, chaque action, est enracinée dans la prière et tournée vers Dieu. Les vocations issues de ce petit village sont nombreuses: déjà 16 prêtres ont été ordonnés, 25 séminaristes sont en cours de formation et plus de 40 religieuses viennent de ce village. Dès 5h30 du matin, les cloches sonnent et le Père Fathima dit l’Angélus et lit l’Evangile du jour. Son micro s’entend dans tout le village pour tous ceux qui ne pourront pas venir à la messe à 6h30, parce qu’ils doivent partir aux champs ou chercher un travail pour la journée. Pour nous qui sommes juste à côté de l’église et qui ne sommes pas naturellement des « lève-tôt », ce réveil matinal à 5h30 est un peu dur… mais probablement très salutaire… Tous les enfants du village, les pensionnaires de l’école et tous les adultes qui le peuvent, viennent assister à la messe à 6h30 et prier le chapelet à 17h30 dans l’église ou à 19h30 devant l’une des maisons du village. Ce sont les enfants qui mènent les prières et font les lectures et leurs voix fortes résonnent dans l’église. A l’école, les enfants apprennent à lire, chanter et réciter avec une voix qui porte et qui n’a rien à voir avec les petites voix de bon nombre de nos écoliers… Pour nous, il y a quelque chose de très beau et de très fort à écouter ces enfants prier et chanter ainsi chaque jour. Assis en tailleur par terre dans l’église, les pieds nus, nous prions avec eux, dans notre langue, car tout ici se passe en telugu.

Les prêtres de ce village sont très actifs et, petit à petit, essaient d’améliorer le quotidien de chacun. Il y a quelques temps, à l’initiative d’un Père, des maisons en dur ont pu être construites et chaque famille a donc maintenant une maison, avec une ou plusieurs pièces, et non plus une simple hutte, comme c’était le cas pour certains. De même, une arrivée d’eau est maintenant reliée à chaque maison. L’eau de la région contient trop de fluorine et tous les anciens du village ont les articulations déformées et marchent mal. Un Père, grâce à des donations qu’il a récoltées à l’étranger, a fait installer une machine pour filtrer l’eau et éviter ainsi ces problèmes articulaires. Pour les femmes, les sœurs ont créé un atelier de broderie pour qu’elles puissent avoir quelques revenus. Aussi, grâce à l’argent récolté par l’un des Pères, un mini dispensaire, tenu par l’une des religieuses, a été établi: un lit, des médicaments et un kit pour faire des prises de sang et les premières analyses nécessaires. De plus, toujours grâce à ces fonds, un médecin vient maintenant 2 fois par mois visiter le village et traiter les malades, qui auparavant ne recevaient pas forcément de soins.

De même, les deux écoles du village sont tenues par des religieuses ou des prêtres. L’enseignement est essentiellement en telugu, ce qui pose problème pour les enfants, car seul l’anglais permet véritablement de pouvoir trouver un travail plus tard. Les familles qui peuvent se le permettre envoient donc leurs enfants dans des écoles dont l’enseignement est en anglais, en pensionnat, dans des villes plus importantes. L’école primaire, tenue par 7 religieuses, est en train d’inaugurer, depuis cette année, une section de maternelle dont l’enseignement est entièrement en anglais. Nous nous y rendons chaque matin pour apprendre aux enfants des chansons et des poèmes en anglais. Nous adaptons les paroles pour les rendre plus faciles ou plus adaptées à la culture indienne. Ainsi, par exemple, « Old MacDonald » est devenu « Farmer Joseph » et les vaches ne font plus « moo moo », mais « emba », et les chiens « bow pow »… Les religieuses cherchent à obtenir la permission de continuer l’enseignement primaire en anglais, mais curieusement le gouvernement ne fait rien pour faciliter cela, alors que l’éradication de la pauvreté et l’éducation sont soi-disant parmi leurs priorités… Obtenir la permission est un procédé coûteux, qu’il faut répéter tous les 5 ans si la permission est accordée. De même, le collège du village, tenu par un prêtre, cherche à obtenir la permission de pouvoir continuer l’éducation jusqu’à l’âge de 18 ans, ce qui permettrait à tous les enfants du village d’en bénéficier, car certaines familles ne peuvent se permettre d’envoyer leurs enfants ailleurs. Actuellement, l’enseignement dans ce village s’arrête à l’âge de 15-16 ans. Et la construction de l’école d’informatique permettra là aussi de familiariser les jeunes avec l’informatique, pour leur faciliter l’apprentissage d’un métier dans l’informatique plus tard. Il y a en effet beaucoup de débouchés dans le monde informatique dans l’état d’Andhra Pradesh, la ville d’Hyderabad étant souvent surnommée « cyberabad ».

En attendant, l’école primaire a 5 ordinateurs, provenant de dons, mais les coupures d’électricité sont un vrai problème. Xavier crée plusieurs programmes didactiques pour permettre aux enfants de se familiariser avec le clavier, mais pour les installer, il nous manque un fichier que nous pouvons seulement trouver sur Internet. Qu’à cela ne tienne, une demi-heure plus tard, une moto vient chercher Ian pour l’emmener dans une petite ville où se trouve UN ordinateur avec une connection Internet, installé dans un magasin de bracelets. Lorsqu’ils arrivent, il n’y a pas d’électricité… Finalement, l’électricité est remise et Ian trouve le fichier nécessaire, mais la connection est tellement mauvaise qu’il arrive tout juste à le télécharger. Impossible de récupérer nos e-mails ou d’en envoyer, la connection est vraiment trop faible… Pour notre blog et nos e-mails, il faudra attendre d’aller à Nalgonda…

Pour nous, la vie au village est pleine de découvertes et les enfants apprécient visiblement cette vie. Nous apprenons à vivre avec peu, très peu même, comparé à ce que nous avions l’habitude de connaître. L’électricité ne fonctionne pas une bonne partie de la journée (elle est réservée aux usines des villes) et parfois l’eau aussi manque, car la pompe électrique ne fonctionne pas. Les petits magasins (que l’on n’appellerait pas des magasins en France tant ils sont petits) ont peu de produits et nos repas, tous à base de riz, sont très simples, sans aucun luxe… Nous n’avons quasiment pas mangé de viande depuis que nous sommes ici, seulement lorsque nous sommes invités, et les fruits sont aussi difficiles à trouver. Nous savons que ceux qui nous reçoivent peuvent difficilement se permettre de préparer de la viande ou de nous offrir des fruits, et pourtant, à notre grande gêne, tous ceux qui nous reçoivent se mettent en 4 pour nous faire plaisir et nous offrir le meilleur de ce qu’ils ont. La générosité des habitants de ce village, qui n’ont pourtant pas beaucoup, est une vraie leçon… Aussi, partout où nous allons, les gens essayent de se procurer des chaises pour que nous puissions nous asseoir, l’idée que nous nous asseyons par terre, comme eux, semblant beaucoup les gêner. Peu à peu pourtant, ils se rendent compte que nous voulons vivre aussi simplement qu’eux et partager leur quotidien…

Nous adoptons petit a petit les habitudes indiennes et savons maintenant manger avec nos doigts, en utilisant seulement la main droite, et cuisiner à l’indienne (du moins en partie, mes currys n’étant toujours pas parfaits au niveau de leur texture…). Nous suscitons beaucoup de curiosité, notamment celle des enfants, car nous sommes la première famille blanche à venir vivre dans ce petit village. Dès que nous sortons, nous sommes entourés de tous les enfants qui nous touchent et veulent nous serrer la main et nous saluer. Les femmes aussi viennent voir comment je cuisine et nous essayons de communiquer. J’ai appris un certain nombre de mots en telugu, mais la conversation est encore très limitée… Les enfants nous appellent « uncle » et « aunty » et réclament chaque jour Xavier, David, Eric et Amandine pour venir jouer avec eux. Parfois, nous aimerions bien nous isoler un peu quand même, mais nous savons que nous avons beaucoup de chance de pouvoir ainsi découvrir la vie de ce village et d’être acceptés et accueillis ainsi.

Nous participons aux événements du village et depuis que nous sommes là, dans la même semaine nous avons assisté à deux enterrements, un baptême et un mariage. Les personnes décédées le matin sont enterrées l’après-midi même et tout le village est présent. Lors du mariage, la mariée, habillée d’un superbe sari orange et rouge et parée de ses plus beaux bijoux, a les cheveux tressés de fleurs de toutes les couleurs. Le marié, lui, est en blanc. Tout le monde a mis ses plus belles tenues et les couleurs de tous les saris des femmes font une mosaïque extraordinaire. Pour l’occasion, Shobarhani me prête un magnifique sari bleu et m’aide à le mettre en place (pour plus de sécurité, elle ajoute des épingles de sûreté). Une autre femme, Juvitha, estimant que je n’ai pas assez de bijoux, me prête les siens. Amandine a une guirlande de fleurs dans les cheveux, faite par l’une des femmes du village, et sa coiffure est supervisée attentivement par beaucoup. Tout le monde apprécie visiblement de nous voir adopter les habits indiens, et j’apprécie moi aussi de pouvoir me rapprocher encore un peu plus de tous. Amandine a elle aussi sa tenue indienne, une magnifique jupe rose avec un petit haut noir brodé et un foulard rose, qui semble faire l’approbation de tous. Les filles ici, bien que de familles pauvres, portent de superbes tenues, de toutes les couleurs, souvent brodées et décorées de strass et paillettes. Nous avons acheté la tenue d’Amandine avec la famille de Pratap et ils ont négocié le prix pour nous, car acheter au prix indiqué n’aurait visiblement pas été normal… Le prix de départ était de 300 rupees (soit environ 5 euros) et le prix final est de 200 rupees (environ 3,2 euros).

Le niveau de vie de ce pays est très bas comparé au nôtre, ce qui n’a rien d’étonnant, car ici, à Bhimanapally, le salaire d’une journée (quand il est possible de trouver un travail) est d’environ 50 rupees pour une femme et 75 pour un homme (soit moins d’un euro pour les femmes et à peine plus d’un euro pour les hommes…). Il n’y a pas forcément de travail et quand la récolte est perdue, il n’y a pas d’argent et beaucoup doivent acheter à crédit… On comprend que la vie ne soit pas facile pour beaucoup quand le prix du riz, base de tous les repas, est de 27 rupees le kilo, le sucre 21 rupees le kilo, les tomates 16 rupees les 500 grammes, et l’huile 70 rupees le litre… Une journée de travail permet donc tout juste d’acheter 2 à 3 kilos de riz, base de tous les repas, ou un litre d’huile, nécessaire à tous les currys et à la confection et cuisson des chapatis… Un certain nombre de familles ont des buffles ou des bœufs, mais si la récolte est perdue, certaines familles ne pourront pas garder et nourrir leurs animaux et devront donc les vendre.

Un matin, le Père Fathima nous emmène dans un autre village où sont installées 8 familles catholiques au milieu de familles hindoues. Pour y aller, nous prenons un autorickshaw et, nous en avons maintenant l’habitude, nous tressautons joyeusement à chaque bosse de la piste ou des bouts de route… Dans ce village, une église est en train d’être construite peu à peu, mais les fonds manquent… Pourtant, quasiment tout le travail est réalisé par les familles et le terrain a été donné par la première famille catholique qui est venue s’installer dans ce petit village. En attendant, la messe est célébrée sous le porche d’une des maison. Je me demande quelle est la réaction des famille hindoues à la construction d’une église dans le village, mais le Père Fathima nous dit qu’ils apprécient la présence d’une église et d’une vie de prières et qu’ils sont très touchés par l’exemple des 8 familles de ce village. Dans ce village, les sous-sols sont encore plus secs qu’à Bhimanapally et beaucoup des récoltes de coton sont déjà perdues. A la fin de la messe, pourtant, l’une des familles nous invite pour un petit-déjeuner avec curry et semoule. L’hospitalité indienne est toujours si incroyablement généreuse.

Hier, dimanche 2 novembre, nous allons assister à le messe célébrée dans le cimetière. Tout le village est là et beaucoup sont venus d’autres villages pour rejoindre leur famille. Notre présence au milieu d’eux semble encore une fois être très appréciée et nous sommes touchés par leur façon de célébrer ce jour. Des bougies nombreuses brûlent sur les tombes qui sont recouvertes de pétales de fleurs et tout le village a préparé ce moment depuis le matin. Joie et tristesse, sourires et larmes se mêlent. Beaucoup ont perdu des enfants, un mari…et tous sont là pour célébrer ce jour.

Aujourd’hui, 3 novembre, c’est l’anniversaire d’Eric. Le Père Fathima offre la messe pour Eric et, tout de suite après la messe, vient nous rejoindre avec un gâteau qu’il a fait confectionner exprès pour nous. Les religieuses sont là et elles nous ont aussi préparées un gâteau! Eric, qui était très inquiet à l’idée de ne pas avoir de gâteau, impossible à trouver ici et impossible à confectionner pour moi avec les moyens du bord, est rassuré et comblé… Nous sommes d’autant plus touchés, qu’ici, les anniversaires des enfants ne sont pas particulièrement célébrés… Partout, nous sommes accueillis avec générosité et attention, avec aussi un brin de curiosité, et nous savons apprécier cet accueil et cette vie simple que nous pouvons partager.

J’aurais encore beaucoup de choses à raconter, mais ce sera pour le prochain blog, car pour la première fois, demain, nous allons aller dans une ville où nous pourrons avoir accès à Internet (du moins je l’espère) et, du coup, la priorité du jour pour chacun est d’écrire son blog pour qu’il soit prêt à être posté… La ville de Nalgonda ou nous allons demain est à une quarantaine de kilomètres de Bhimanapally, soit près d’une heure trente d’autorickshaw pour s’y rendre… Soyez patients pour les prochaines nouvelles, elles viendront au fur et à mesure de nos opportunités… En tous cas, nous sommes tous heureux de cette vie dans ce village et des opportunités de rencontres et de découvertes qui nous sont ainsi données, et nous pensons bien à vous tous… Merci pour tous vos mails et commentaires que nous espérons bien récupérer demain et lire à loisir dans les jours qui viennent…

Plus de photos sur le post anglais du 15-11-2008


3 Responses

  1. Très jolies les photos ! Les gens ont l’air chaleureux et vous avez l’air de bien vous amuser malgré le dépaysement total 🙂

    Une excellente expérience pour voir comment les gens vivent avec “peu” de moyens, et s’imaginer comment on pourrai tous vivre mieux si on essaye ensemble ! Malgré la difficulté, ils ont l’air heureux et je suis sur que ce contact vous apportera beaucoup, à vous et à eux, au niveau spirituel 🙂

    Bon courage pour la suite !

  2. Bon anniversaire à mon filleul préféré! Un anniversaire que j’imagine inoubliable.

    C’est un plaisir de vous lire et de pouvoir se replonger dans les souvenirs de notre voyage en Inde, même si nous n’avons pas eu la chance de vivre une telle expérience.

    Nous nous rappelons bien la visite du temple Jaïn à Ranakpur et de ses prêtres Jaïn portant le masque et balayant devant eux afin de ne pas avaler ou écraser le moindre insecte.

    Gros bisous à tous.

    Cécile & Bruno

  3. Bonjour,

    Je suis la maman de Maxime (copain de David à L’Ermitage) et je suis ravie de vous lire pour la 1ère fois et SURTOUT de constater que vous allez tous bien, que vous êtes heureux tous les 6 ensemble et au milieu d’un village dont les habitants semblent prendre beacuoup plaisir à votre présence. Vous lire et regarder toutes vos photos est un vrai bonheur et est très, très émouvant.

    Bonne route ! Je vais revenir prochainement pour continuer à vs suivre…

    Nathalie DUBREUIL

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